GÉNÉRATION DÉSENCHANTÉE

Alors que Les Écologistes, résolus à défendre une liste autonome aux européennes, sont déjà en campagne, le reste de la gauche est en pleine négociation pour la composition des listes. Officiellement, personne ne communique sur rien jusqu’au début de l’année prochaine, et il faudra même sûrement attendre jusqu’au mois de février. Chez Pol tente pourtant de démêler les enjeux des tractations. Le Parti radical de gauche (PRG) promet par exemple une liste «anti-Nupes» pour le scrutin de juin. Mais avec qui ? Pas les socialistes en tout cas, puisque le chef du PRG Guillaume Lacroix estime que le Premier secrétaire Olivier Faure n’a pas rompu avec LFI – et qu’il devrait le faire. Le PRG se verrait davantage nouer un accord avec Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann, qui lui aussi trace une ligne rouge infranchissable avec les troupes de Jean-Luc Mélenchon. Sauf que le partenaire privilégié de Place publique reste le PS, avec lequel ils ont mené campagne en 2019, et forment un groupe au Parlement européen. Au milieu de tout ça, Génération.s, le petit mouvement fondé par Benoît Hamon, ne compte pas a priori présenter de liste en son nom comme c’était le cas la dernière fois. En froid avec leurs alliés écologistes avec qui ils siègent dans le même groupe à l’Assemblée, ils leur reprochent d’avoir d’emblée fermé la porte à toute forme d’alliance à gauche pour les européennes. «Ils traitent ça avec une forme de légèreté, alors qu’ils auraient pu, cette fois, avoir les clés du camion», regrette le député des Yvelines Benjamin Lucas. «Génération.s peut parler avec tout le monde sur ce scrutin, y compris LFI», dit-il. Et de nous énumérer les trois critères qui doivent compter dans le choix final de la liste qu’ils rejoindront : «Conserver le programme de la Nupes sur l’Europe, participer à la construction d’une union à gauche pendant et après l’élection, et la place donnée à Génération.s et ses idées dans la campagne.» Le petit parti organisait justement un meeting unitaire contre le projet de loi immigration à la Bellevilloise à Paris hier soir. Quant aux Insoumis, qui ont défendu l’hypothèse d’une liste commune de la Nupes, leur objectif est de conserver ce totem de l’unité, notamment à travers des débauchages individuels de personnalités issues d’autres mouvements. Le jeu est ouvert. Lu. A.